Si elle n’est pas uniquement liée à un problème de logement, la grande majorité des acteurs impliqués auprès des personnes seules et des familles en situation d’itinérance reconnaissent qu’il s’agit toujours d’un problème lié au logement.
Le 27 février 2014, la ministre Véronique Hivon dévoilait la politique nationale de lutte contre l’itinérance Pour éviter la rue et en sortir; le gouvernement Marois adoptait alors cette politique développée avec le milieu communautaire et activement revendiquée depuis une décennie. Avec sa vision et ses cinq axes d’intervention prioritaires, particulièrement le premier orienté vers le logement, cette politique devait permettre de réduire significativement et de prévenir l’itinérance. Plus récemment, dans la lignée de cette politique et des demandes du milieu communautaire, la ministre responsable de l’Habitation, Mme France-Élaine Duranceau, a renouvelé et bonifié une série de mesures d’urgence gouvernementales pour soutenir les ménages sans chez soi à la recherche d’un logement.
Même si l’ensemble des mesures proposées sont nettement insuffisantes pour résoudre structurellement l’ensemble des problèmes liés à la crise du logement et de l’itinérance, elles nous apparaissent, sur papier, tout de même adéquates pour répondre, de façon coordonnée et concertée, aux besoins pressants et urgents de ces ménages en leur évitant la rue, en leur permettant de sécuriser leurs biens et en mettant en place des outils afin que chacun puisse trouver rapidement un logement qui convient à ses besoins et qui correspond à leur capacité de payer.
Pourtant, et malgré les sempiternelles déclarations des autorités administratives et politiques des trois paliers de gouvernement, l’itinérance ne cesse d’augmenter à Gatineau. Les refuges et les hébergements de transition ne suffisent plus et les campements se multiplient.
Malgré les axes proposés par la politique en 2014 et, plus récemment, la mise en œuvre des mesures d’urgence mises de l’avant par la ministre Duranceau pour éviter la rue aux ménages sans logis, comment expliquer cette situation? Tout simplement par le manque de volonté politique de déployer réellement ces mesures et d’y investir les fonds nécessaires.
Alors que la politique prescrit la concertation de l’ensemble des acteurs impliqués dans la lutte à l’itinérance et la coordination par les CISSS, aucune coordination et concertation n’est en place depuis novembre 2023 en Outaouais, malgré les multiples demandes du milieu communautaire auprès du CISSSO et de la ville de Gatineau, forçant le travail en silo au détriment des personnes et familles en situation d’itinérance.
Alors que les ménages gatinois démunis, sans logis, autonomes, et incapables de se trouver un logement sont en droit de bénéficier des mesures d’urgence et de l’approche logement d’abord via le programme de supplément au loyer, un très grand nombre de ceux-ci se voient systématiquement refuser l’accès à ces mesures d’aide, particulièrement les personnes seules. Au lieu de les soutenir et de les aider à résoudre définitivement leur problème d’itinérance, on préfère les orienter vers les ressources d’hébergement d’urgence et de transition déjà débordés, ou pire, les abandonner à leur sort favorisant ainsi l’aggravation de la crise au lieu de la résorber et ce, avec la complaisance, l’hypocrisie et la turpitude des autorités administratives et politiques des trois paliers de gouvernement,
Cette infamie devant l’inacceptable nourrit cette idée commode qu’il y aura toujours des personnes et familles en situation d’itinérance, responsables de leur sort, peu importe les efforts que nous pourrions consentir pour les aider, comme si cela était une fatalité.
François Roy
Coordonnateur Logemen’occupe
Louise Guindon
Présidente du Conseil d’administration de Logemen’occupe